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Programmer l'interprétation

Définir le nombre d'interprétes, les dispositifs gestuels, les paramètres à contrôler ont été autant de points (parmi d'autres) pour lesquels il a fallu faire des choix.

Nous décrivons certains des choix que nous avons réalisés.

Le nombre d'interprètes

Nous avons choisi quatre instrumentistes pour plusieurs raisons. La pièce est quadriphonique, et ainsi, si besoin, chaque instrumentiste peut être lié à un haut-parleurs différent. Par ailleurs, on trouve dans la pièce souvent des processus qui jouent en parallèle sur quatre voies. On trouve aussi deux canons qui peuvent être joués à quatre intrumentistes.

Les instruments

Nous n'avons pas encore terminé de mettre au point la partie centrale, basée essentiellement sur des sons de percussions. Le choix des capteurs à utiliser pour cette partie là n'est donc pas totalement fixé. Pour le reste, le dispositif électronique comprend un ordinateur avec Max/MSP (version 4 ou 5), une interface audio à quatre sorties minimum, trois claviers USB oxygen 49 touches et un kaos pad Korg reliés à l'ordinateur en USB et/ou en midi. Un mixeur Evolution UC33 est également relié en MIDI pour le contrôle des différents volumes de sortie.

 

oxygenkaosuc33

patch max midi in

Partie du match max pour l'adressage des entrées MIDI.

Les distributions aléatoires

La première partie de la pièce comporte pour l’essentiel des sons percussifs cristallins, joués sur un rythme régulier très rapide et avec des hauteurs aléatoires variant entre deux bornes qui varient dans le temps.


partition alea1
Ambitus à l’intérieur desquels sont produites les notes aléatoires des 30 premières secondes de la pièce.


Nous avons expérimenté trois techniques pour interpréter les notes aléatoires :

Dans la première version, l’interprète joue ce qui est inscrit dans la partition ci-dessus et les fonctions automatiques génèrent les rythmes et les hauteurs. L’interprétation est limitée au contrôle de l’allure générale du processus.

Dans le deuxième, l’interprète contrôle avec la note inférieure la limite basse de l’ambitus et avec la note supérieure, il contrôle la limite supérieure mais aussi le rythme. Une fonction effectue le tirage aléatoire des hauteurs.

La solution que nous avons choisie est la troisième. Les interprètes doivent apprendre à jouer des valeurs aléatoires, une des techniques les plus difficiles à appliquer. La partition leur indique les limites entre lesquelles choisir les notes et éventuellement la figure rythmique à utiliser.

La spatialisation des lignes granulaires

Le spatialisation peut se présenter sous différentes formes dans la pièce.

Certains sons, principalement les sons de percussions de la deuxième section, sont placés à des endroits différents de l’espace selon leur nature. Dans ce cas, le réglage de la position est enregistré avec les paramètres du son. Chaque interprète émet des sons dans une direction différente des autres.

D’autres sons sont mobiles. C’est le cas des sons très rapides qui se déplacent selon des courbes de Lissajou en s’éloignant et en se rapprochant (effet Doppler). Nous avons donc choisi une interface à deux dimensions (le Kaos Pad 3) permettant de déclencher la production de sons en entrant en contact avec la surface, puis de déplacer les sons dans l’espace en déplaçant le doigt dans un même mouvement.

Avant chaque déclenchement, un changement de programme permet de charger les règlages correspondant au son à produire.

Les paramètres du son produit sont au nombre de quatre : la hauteur du son, sa pulsation, la direction du son (angle en degrés) et sa distance (jouant sur le volume et le taux de réverbération). Les réglages mis en mémoire sont au nombre de cinq : l’accélération (changement de vitesse constatée par un même déplacement sur la surface de contrôle), la durée des grains de sons, la hauteur initiale, la vitesse et une option activant/désactivant l’effet Doppler.

Du point de vue de la synthèse, la vitesse de déclenchement de ces sons est trop rapide (entre 20 et 30 Hz en général) pour pouvoir être jouée en MIDI. Même dans Max/MSP, des évènements de déclenchement ne pourraient pas arriver à une précision suffisante pour obtenir le rendu désiré. Nous avons donc dû faire appel à un synthétiseur granulaire permettant de déclencher les sons à des fréquences précises. Nous avons choisi le synthétiseur fofb~ de Michael Clarke et Xavier Rodet (version Max/MSP5, ou fof~ pour la version Max/MSP4).

 

Les cloches évolutives

A la fin de l'introduction, les sons cristallins du début se rallongent progressivement pendant que leur timbre s'enrichit et se transforme petit-à-petit en sons de cloches et de gong. Nous avons attribué à deux curseurs des claviers la durée de résonance d'une part et l'indice de modulation d'autre part. Les trois interprêtes qui dans cette partie commencent à jouer des notes aléatoires, se mettent ensemble à ralentir, à descendre vers les graves, à augmenter la durée des notes, et à augmenter l'indice de modulation. Finalement, ils doivent terminer par quelques notes fixées dans un rythme précis.

partition clo

Le tempo

Dans la mesure où le tempo est rarement défini, et où il semble changer en permanence, nous avions le choix entre une recherche approfondie du tempo ou une notation sans tempo. Nous avons choisi la deuxième solution en prenant un tempo à 60 à la noire. Cela donne la possiblité notamment de caller le tempo sur un chronomètre le cas échéant. La plupart des rythmes rapides des sections un et trois peuvent être décrits dans ce tempo, et les rythmes lents s'écrivent assez clairement aussi dans ce tempo.

Les polyphonies du premier canon

Vers la fin de la première section, on assiste à un canon qui s'accélère. On observe une polyrythmie, chaque rythme ayant son propre tempo, qui s'éccélère. Il en résulte une musique difficile à noter sur des notations traditionnelle. On a donc le choix de noter des tempos différents sur chaque portée, ou écrire des rythmes complexes sur un tempo fictif. Nous avons choisi la deuxième solution.

Deuxième canon (version non mesurée)

Deuxième canon (version mesurée)

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