Vers une mise en scène d'une écoute érotique
Les textes d'En Echo, écrits par Emmanuel Hocquart en étroite collaboration avec le compositeur Philippe Manoury peuvent être qualifiés de poèmes érotiques. Ils renvoient à l'ouvrage de Vladimir Nabokov, Lolita, le prénom est cité dans En Echo. Alors que l'érotisme est plus généralement associé au texte ou à l'image, la question se pose ici de la représentation musicale et sonore de l'éveil du désir, des stratégies compositionnelles de Manoury, opérant par l'écriture au sens traditionnel, les sons électroniques et visant d'une certaine manière la manipulation de l'auditeur. Comment évoquer musicalement l'érotisme tel que le définit Barthes : « L'érotisme, c'est lorsque le vêtement baille » [1] ? Comment susciter le désir dans l'écoute et peut-être déjà le désir d'écoute ?
Au premier niveau, le compositeur opère sur le décalage entre la voix de la soprano, assez droite, sans vibrato, et le caractère explicite, du texte. Ici le compositeur renonce au pouvoir érotique de la voix féminine. La voix semble détachée du texte qu'elle chante, dans une représentation du désir relevant d'un érotisme composé, à l'opposé de toute pornographie. Il s'agit bien plus de suggérer que de montrer. Dans cette perspective, il n'est pas étonnant que Manoury cite le Rosenkavalier de Strauss, dans lequel est composée musicalement une évocation de l'acte sexuel.
C'est dans la partie électronique et dans la composition du temps qu'il faut chercher les éléments d'une composition érotique visant un désir d'écoute, et une écoute du désir. Deux plans sont privilégiés par le compositeur :