Andrea Giomi
Le concept de matériau entre musiques savantes et musiques actuelles – Le cas de « ReComposed »

Accéder à l’article

En 2008, le célèbre label allemand « Deutsche Grammophon » commandait à Carl Craig et Moritz Von Oswald – deux géants de la musique techno – la ré-élaboration des enregistrements des œuvres de Maurice Ravel (« Bolero » et « Rapsodie espagnole ») et de Modest Musorgskij (« Tableaux d’une exposition »), jouées en 1987 par le Berlin Philarmoniker sous la direction de Herbert von Karajan. En partant de l’analyse des techniques de traitement électronique employées par Craig et Von Oswald, cet article cherche à montrer la nature profondément herméneutique du processus de réinterpretation de la tradition savante à l’œuvre dans les musiques électroniques actuelles. En valorisant la nature essentiellement anti-téléologique de la répétition et en employant des processus de transformation de la matière sonore typiques dans les musiques acousmatiques et de la production électronique en studio, les deux compositeurs reviennent de manière subtile à l’origine répétitive du minimalisme américain (essentiellement Steve Reich, Philip Glass et Terry Riley) en produisant un véritable re-transfert des techniques répétitives. En radicalisant le substrat répétitif caractéristique du vocabulaire technologique de l’EDM, les deux compositeurs dialoguent, en même temps, avec la tradition classique, les compositeurs répétitifs américains et les musiques acousmatiques en mettant en évidence le processus de transformation ontologique du matériau musical en matière sonore.



Andrea Giomi, « Le concept de matériau entre musiques savantes et musiques actuelles – Le cas de ‘ReComposed' », Musimédiane, n° 11, 2019 (https://www.musimediane.com/11giomi/ – consulté le 26/12/2024).

Thomas Saboga
Astor Piazzolla et la création d’un style conjuguant populaire et savant : l’utilisation de procédés de fugue dans Muerte del ángel

Accéder à l’article

Nous scrutons dans cet article l’utilisation de procédés de fugue dans la pièce Muerte del ángel, capables de dévoiler les importants rapports entre musique populaire urbaine et musique savante existants dans la production du compositeur et bandonéoniste argentin Astor Piazzolla (1921-1992). On perçoit l’utilisation d’éléments de quatre univers musicaux différents – tango, musique baroque, jazz et musique savante moderne –, dont le métissage se caractérise par deux traits principaux : le dosage précis de l’utilisation de chaque univers employé, et le métissage par intersection – procédé qui s’utilise des caractéristiques communes des musiques pour les mélanger. Spécifiquement par rapport au langage de la fugue, nos avons pu percevoir que son utilisation est liée à une fonction importante dans la musique de Piazzolla : l’accumulation progressive de la densité sonore. D’un autre côté, le soin à préserver la sonorité baroque de la fugue, lié aux analyses des déclarations du compositeur, nous mènent aussi à voir dans cet emploi une quête et une revendication pour son tango d’une légitimité semblable à celle de la musique savante.



Thomas Saboga, « Astor Piazzolla et la création d’un style conjuguant populaire et savant : l’utilisation de procédés de fugue dans Muerte del ángel« , Musimédiane, n° 11, 2019 (https://www.musimediane.com/11saboga/ – consulté le 26/12/2024).

Giuliano d’Angiolini
L’apparence sonore de la mort (les Requiem Canticles de Stravinsky)

Accéder à l’article

L’article propose une sorte de « microanalyse » de la technique de composition du timbre (par le biais de l’harmonie et de l’instrumentation) adoptée par Stravinsky dans les deux derniers accords des Requiem Canticles. Ici, c’est d’abord le phénomène sonore en lui même qui produit du sens, bien en deçà de toute articulation musicale : une sémantique se dégage qui est le produit de la nature physique des sons. En clôture de sa dernière œuvre de vastes dimensions, Stravinsky nous dévoile l’apparence sonore de la mort.


Giuliano d’Angiolini, « L’apparence sonore de la mort (les Requiem Canticles de Stravinsky », Musimédiane, n° 11, 2019 (https://www.musimediane.com/11dangiolini/ – consulté le 26/12/2024).

Christophe Levaux
Minimalisme / musiques populaires : un cas pour la théorie de l’acteur-réseau

Accéder à l’article

Puisant largement aux principes et méthodes de la Théorie de l’acteur-réseau, la présente contribution vise à « ouvrir la boite noire » d’un genre musical forgé au cours des années 1960 et 1970 entre les États-Unis et l’Angleterre : le minimalisme de La Monte Young, Terry Riley, Steve Reich et Philip Glass. Il s’agit alors de se replonger dans ce minimalisme en train de se constituer en poursuivant les auteurs, chercheurs, compositeurs pendant qu’ils le construisent et parfois le déconstruisent ; lorsqu’ils enrôlent des alliés pour éloigner les controverses ; reprennent, rejettent ou transforment des énoncés qui traduisent (ou non) leurs intérêts et lorsque, in fine, ils parviennent à réifier leurs découvertes. Au delà du seul cas du minimalisme musical, le présent article vise à questionner la possibilité d’une histoire de la musique proposant une description empirique des catégories en mettant en lumière les controverses, épreuves et contingences de la « vérité » plutôt que la rapporter comme cohérente ou évidente.



Christophe Levaux, « Minimalisme / musiques populaires : un cas pour la théorie de l’acteur-réseau », Musimédiane, n° 11, 2019 (https://www.musimediane.com/11levaux/ – consulté le 26/12/2024).

Olivier Migliore, Nicolas Obin et Jean Bresson
Outils et méthodes de transcription pour l’analyse de l’interprétation vocale dans le rap : l’exemple d’IAM concept

Accéder à l’article

Dans cette contribution, nous proposons des outils et une méthode de transcription pour analyser l’interprétation vocale au sein de musiques vocales populaires telles que le rap. Expérimentée sur un morceau de rap français des débuts, IAM concept du groupe marseillais IAM, notre proposition méthodologique dévoile une combinaison novatrice d’outils d’analyse du signal sonore développés par l’Ircam qui permet de quantifier et de mettre en partition la voix rappée en se fondant sur une analyse acoustique des syllabes et du cadre métrique musical. Ce nouveau cadre méthodologique permet d’objectiver la transcription, mettant au jour des niveaux d’analyse inaccessibles à l’oreille et ouvrant la voie à une systématisation de l’analyse de l’interprétation vocale dans les musiques populaires.


Olivier Migliore, Nicolas Obin et Jean Bresson, « Outils et méthodes de transcription pour l’analyse de l’interprétation vocale dans le rap : l’exemple d’IAM concept », Musimédiane, n° 11, 2019 (https://www.musimediane.com/11miglioreobinbresson/ – consulté le 26/12/2024).