3. L'analyse complexe de la musique électroacoustique

3.3 Une nouvelle méthode pour l'analyse de la musique électroacoustique

Si on envisage l'analyse d'une œuvre musicale selon une démarche  complexe, alors la méthode consiste à relier.

Relier, c'est relier les éléments de l'œuvre les uns avec les autres. L'œuvre elle-même est reliée à un contexte. Elle s'inscrit dans une histoire, dans une histoire de la musique, une histoire de la technologie, l'œuvre s'inscrit dans l'histoire même du compositeur, etc.

Cette méthode, qui n'est pas si évidente à mettre en pratique, était cependant intéressante par rapport à la démarche analytique que je voulais entreprendre. En effet, je ne voulais pas faire de séparation entre les différentes sources d'informations que j'avais rassemblées à propos des œuvres de Stockhausen et de Berio. J'avais besoin d'une méthode à partir de laquelle je pouvais tout relier. Et relier est le mot phare de la pensée complexe d'Edgar Morin.

Dans le schéma que je propose ci-dessous, j'abandonne le tableau linéaire de la tripartition de l'analyse sémiologique. J'adopte le cercle qui pour moi représente un système dans lequel chaque partie de l'analyse est directement reliée aux autres parties.


Figure 6. L'analyse complexe de la musique électroacoustique.

Le cercle est divisé en 4 grandes parties ou modules :

  1. Dans le premier module (en gris), je propose le couple Enregistrement sonore/Lecteur. Ce module permet d'obtenir des éléments d'information en adoptant différentes conduites d'écoute : écoute réduite, écoute des indices, des sons reconnaissables, du texte, etc. Cette écoute naturelle, non instrumentalisée, permet de réaliser une sorte de commentaire d'écoute et de réaliser une première transcription graphique à la main.
  2. Dans le deuxième module (en vert), je propose l'outil multimédia. Ce module permet de réaliser une transcription graphique sous forme numérique grâce à une écoute instrumentalisée et augmentée.
  3. Dans le troisième module (en violet), j'ai indiqué le texte. Le texte peut donner un nombre considérable d'informations : à partir de la traduction, on s'approchera de la signification du texte, on peut analyser la structure du texte ou se référer à différentes analyses du texte. Un musicologue n'a pas toujours les outils conceptuels ou le temps de réaliser une analyse approfondie d'un texte utilisé par un compositeur.
  4. Dans le quatrième module (en orange), j'ai indiqué les manuscrits et les interviews qui permettront de tirer des informations sur les processus de création de l'œuvre.

Ce qu'il faut comprendre par rapport à ce tableau, c'est que chaque information provenant d'une des quatre parties ou modules peut être directement liée à une autre information issue d'une autre partie, puisque le lien est le concept premier à appliquer dans une démarche complexe. Le nombre de parties est modulable selon les besoins de l'analyse. On peut supprimer le module "texte" ou le remplacer par un module "partition", par exemple.

Les analyses existantes sont aussi utilisables. J'ai indiqué en haut, les analyses esthésiques et les transcriptions existantes. En bas, j'ai indiqué les analyses de type poïétiques (musicales et littéraires).

Comme je l'ai déjà évoqué, les analyses existantes amènent à l'idée d'une analyse collective. Ici, les quatre modules du cercle, peuvent être réalisés par différentes personnes selon leur intérêt ou leur domaine de compétence.

 

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