2. L'analyse sémiologique de la musique électroacoustique

2.5 Tableau de l'analyse sémiologique de la musique électroacoustique

À une certaine étape de mon analyse, j'ai réalisé que je devais faire un choix esthétique, comme l'ont fait d'un côté, François Delalande avec sa transcription “schaefférienne”, et de l'autre côté, Pascal Decroupet et Elena Ungeheuer, avec leur proposition d'analyse purement poïétique. Ma préoccupation était alors de chercher s'il pouvait exister des liens entre le texte utilisé par Stockhausen et la musique qu'il avait composée.

J'ai alors réalisé un tableau qui correspondait à ce stade de mes recherches. J'envisageais en effet une analyse sur la base de la tripartition de Jean-Jacques Nattiez.


Figure 5. Tableau de l'analyse sémiologique de Gesang der Jünglinge de Stockhausen et de Thema (Omaggio a Joyce) de Berio.

Dans ce tableau, je reprends la tripartition. Le niveau neutre se situe au centre (en gris). A droite, j'ai inséré les éléments du tableau sur l'esthésique inductive, avec la segmentation du flux musical et le repérage de l'évolution des paramètres du flux sonore (en rose), la transcription (en jaune), l'analyse (en marron), ainsi que les outils multimédia (en vert).

Sur la gauche, j'ai ajouté les éléments de type poïétiques sur lesquels je pouvais travailler. J'ai divisé le niveau poïétique en 4 colonnes. Dans la première colonne en partant du centre (en orange), j'ai indiqué les traces laissées par le compositeur : cela peut concerner des interviews, des manuscrits, des articles, etc. Dans la colonne suivante (en violet), j'ai indiqué le texte utilisé par le compositeur. L'objectif était de réaliser une analyse sur le rapport texte/musique. L'étude du texte, qui commence par la recherche d'une traduction, a donc été un point fondamental de mon analyse. Dans la colonne suivante (en blanc), j'indique les œuvres ou le travail préalable qui ont eu une influence directe sur le processus de composition de l'œuvre. Enfin à l'extrême gauche (en marron), j'ai noté les analyses de type poïétique que l'on pouvait trouver à propos des œuvres.

Cette dernière colonne est à mon sens très importante. Elle conduit à la question suivante : doit-on tenir compte des analyses pré-existantes pour réaliser une transcription, et ainsi élargir l'analyse vers un travail de type collectif, inscrit dans la durée ? Cette question sera importante pour définir le type d'analyse que je proposerai par la suite.

Au début, ce tableau me semblait parfait pour guider mes choix esthétiques par rapport à l'analyse sémiologique que je voulais entreprendre. Je devais en principe analyser chacun des trois pôles de la tripartition pour ensuite faire des liens entre le pôle poïétique, le niveau neutre et le pôle esthésique.

Cependant, une question fondamentale m'a amenée à repenser ce projet. La question est la suivante :

Que représente exactement le niveau neutre dans cette tripartition ?

 

Page précédente - Page suivante