2. L'analyse sémiologique de la musique électroacoustique
2.1 L'analyse esthésique de la musique électroacoustique
De nombreuses propositions d'analyse dans le domaine de la musique électroacoustique se situent dans le champ de la sémiologie musicale. Dans « L'analyse des musiques électroacoustiques : Modèles et propositions », Stéphane Roy définit la sémiologie musicale comme l'étude des signes :
« Pour les sémiologues, l'œuvre se conçoit d'abord comme une forme symbolique. »[1]
Le programme de sémiologie auquel se réfère Stéphane Roy repose sur les trois aspects fondamentaux qui composent les formes symboliques : les processus poïétiques, les processus esthésiques et le niveau neutre. Ces trois niveaux forment la tripartition conçue par Jean Molino et reprise par Jean-Jacques Nattiez.
Figure 1
A quoi correspondent ces trois niveaux ? :
Dans la musique instrumentale, l'analyste se focalise principalement sur la partition. Il cherche les lois d'organisation musicale, comme les éléments thématiques, leurs variations, leurs développements, etc. C'est l'analyse du niveau neutre.
Dans la musique électroacoustique, il en va tout autrement. En 1983, François Delalande résumait ainsi la situation de l'analyse en musique électroacoustique :
« Comme on le sait, les musiques électroacoustiques sont réalisées entièrement en coulisses, dans des laboratoires fermés au public […] ; les sons sont mélangés, hachés, mixés selon une recette que l'auditeur ne connaîtra jamais et on lui livrera finalement un objet sonore qui, en général, ne comporte pas de partition, si bien qu'il ne disposera que de son oreille pour appréhender ce flux que lui délivrent les haut-parleurs. »[2]
En musique électroacoustique, la plupart des analyses s'orientent alors naturellement vers une analyse de type perceptif que l'on appelle, dans le champ de la sémiologie musicale, l'esthésique inductive, c'est-à-dire une analyse qui part de l'enregistrement sonore pour aller vers l'analyse des processus de perception de l'œuvre.
Figure 2
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[1] Roy, Stéphane, L'analyse des musiques électroacoustiques : Modèles et propositions, Édition L'Harmattan, 2003, p.24.
[2] Delalande, François, « L'analyse des conduites musicales : une étape du programme sémiologique ? », Semiotica 66-1/3, (actes du 3ème symposium international de sémiotique musicale, Juväskulä, Finlande, 1983), Mouton de Gruyter, Amsterdam. Article disponible via le site du musicologue : http://www.francois-delalande.fr/publications/classement-par-domaines/articles-domaine-i/ (13/04/2015).
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