4. Conclusion
Si l'orchestration assistée par ordinateur n'en est donc aujourd'hui qu'à ses débuts, le logiciel Orchidée suscite, malgré sa portée toute relative, un intérêt et un enthousiasme croissant de la part des compositeurs, succès qui selon nous témoigne d'un effort particulier de la recherche musicale pour saisir la complexité d'une pratique difficile à formaliser. Plusieurs compositeurs l'on déjà utilisé Orchidée dans leurs pièces : Jonathan Harvey pour Speakings (2008) [18], Gérard Buquet pour L'Astre Echevelé (2009), ainsi que de nombreux étudiants du cursus de composition de l'IRCAM, de la Haute Ecole de Musique de Genève et du Computer Music Center de l'Université de Columbia à New York. La plupart utilisent Orchidée comme un outil d'esquisse, de génération de matériau, de construction de structures musicales dans lesquelles le timbre joue le rôle primordial. Certains, en constatant des régularités dans les propositions d'orchestration calculées par le logiciel, en tirent même des « règles statistiques » qu'ils appliquent, « à la main » et à des fins de cohérence, en d'autres endroits de leurs partitions.
Comme souvent en informatique musicale, l'ordinateur doit être conçu comme une « machine à faire des propositions ». Dès les premiers stades de sa conception, Orchidée a été pensé comme un outil de « stimulation de l'imaginaire », visant à « suggérer » au compositeur des solutions auxquelles son savoir et son expérience personnelle ne l'auraient pas nécessairement mené. Il ne s'agissait pas de subsituer aux techniques usuelles d'orchestration la formalisation d'un ensemble de règles, mais plutôt d'utiliser l'ordinateur comme un « explorateur » qui, de manière interactive et guidée, « découvrirait » de nouveaux territoires dans l'écriture du timbre orchestral. Une nouvelle manière d'orchestrer qui n'invalidait pas l'ancienne, mais la pourvoyait d'une dimension nouvelle. Ce point de vue semble aujourd'hui avoir été pertinent.