Voix artificielle
Les machines et les moyens électroniques sont de plus en plus présents dans le monde de la création artistique.
Les ordinateurs peuvent maintenant prolonger les possibilités naturelles de la voix [1].
Dans En Echo, cette vocalité artificielle va se décliner de différentes façons ; nous avons choisi trois exemples mettant en valeur les procédés utilisés par Philippe Manoury :
- La rivière, « regarde ta lolita liée à la taille par l’eau ». Lors de la désinence de cet extrait qui est également la fin de la pièce, des murmures et halètements sont mis en relief. Il s’agit d’un passage du Rosenkavalier de Strauss retravaillé. La question de l’identité vocale se pose, la voix d’Elizabeth Schwarzkopf se mêlant avec celle de Donatienne Michel-Dansac.
- Broadway, « les taxis klaxonnaient sur Broadway ». Même si il ne s’agit que d’une version CD, le travail du compositeur au niveau de la spatialisation est perceptible. A nos oreilles parviennent des différences de timbres, des modifications vocales, liées au traitement. Où se situe exactement la voix de la chanteuse ? La limite entre les deux sphères, entre la source et l'artefact, est à peine perceptible en raison de l’entremêlement.
C’est une deuxième façon d’aborder la perte de repère, et de passer des frontières. - La table, « j’étais immobile, moi assise ». Les deux mondes se croisent, se répondent puis l’électronique prend le relais et finit la phrase.
Nous sommes face à une dualité et une complémentarité des deux univers sonores tout au long de ce cycle.
[1] BOSSIS, Bruno, La voix et la machine, Collection Estheticae, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2005.
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