Représentations pour l’analyse musicale
Vendredi 27/03/2015 13h30 – 17h30 salle D223
Coordination de la séance : Jean-Marc Chouvel et Pierre Couprie
Depuis l’exemple du sonagramme, qui a radicalement changé notre rapport à l’écoute du son, de nombreuses autres représentations ont été proposées qui peuvent aussi modifier notre perception de certains aspects de la musique et poser la question de la pertinence d’une conception « en temps réel » de l’analyse. Cette séance proposera une exploration de quelques-unes de ces représentations.
Hugues Seress
De l’Hypersphère au Spinnen Tonnetz : propositions d’adaptation pour les modèles triadiques
La représentation mathématique des ensembles musicaux et de leurs relations ne constitue pas un domaine d’étude véritablement récent. Véritable corollaire de la théorie musicale austro-allemande depuis le grand XIXe siècle (Euler, Marx, Öttingen, Riemann…), elle est relayée depuis la Set Theory (années 1960) et la théorie transformationnelle de David Lewin (1987), par la musicologie systématique anglosaxonne (Clough, Klumpenhouwer, Hyer, Cohn, Douthett, Steinbach, Tymoczko…), ainsi que par « l’école formelle française » (Mazzola, Andreatta, Jedrzejewski, Chouvel, Hascher…).
Avec Richard Cohn (1996), ces représentations se dotent du critère de parcimonie et d’une description de la conduite des voix. Cette réflexion constitue le point de départ d’un nouveau cadre pour l’étude des progressions harmoniques. Cette nouvelle représentation, nommée Abstract Tonnetz, présente les trois transformations P, L et R à partir d’une triade Q 0,x,x+y, donnant respectivement les ensembles suivants : P(Q)=0,y,x+y ; L(Q)=0,x,-y ; R(Q)=2x+y,x,x+y. Cohn démontre, en remontant à une formulation générique du modèle PLR, que les collections triadiques consonantes mineures et majeures sont celles qui permettent la meilleure parcimonie, et que leurs potentialités résultent davantage des propriétés théoriques de leur groupe dans le cadre d’un chromatisme modulo 12, que de leurs propriétés acoustiques. La triade majeure ou mineure devient une entité surdéterminée, et la tonalité chromatique, le lieu privilégié des nouvelles explorations néo-riemanniennes.
Dans le sillage des nombreux écrits américains des années 1990, sont définis les systèmes hexatoniques, nommés Maximally Smooth Cycles (Cohn) ou Dancing Cubes (Douthett), qui constituent une reformulation des régions de Weitzmann (1853), mais aussi d’autres cycles et générateurs parcimonieux d’accords à 3 et 4 sons (Octacycles PR, Enneacycles, Octatowers). Cohn note que la répartition des 12 hauteurs nominales en 4 ensembles de 3 classes de hauteurs équidistantes (triades augmentées) permet de connecter deux à deux des Hexacycles PL. C’est ce que réalise le Cube Dance (1997). Cette recherche de points d’intersection entre les cycles générés par des chaînes binaires et ternaires de transformations, constitue probablement un nouveau point de départ dans l’histoire des Tonnetze. C’est ainsi qu’apparaissent, notamment, les représentations hexagonales, parmi lesquelles le Chicken Wire, qui en connectant Hexacycles et Octacycles, dessinent un nouveau cycle de six régions tonales reliées par une note commune : PLR family (Cohn). C’est ce modèle que spatialise G. Baroin (Hypersphere of Chords).
Depuis les années 2000, consécutivement au regain d’intérêt pour l’analyse schenkérienne et l’analyse des répertoires de la pré-tonalité, ainsi qu’à la découverte ou la redécouverte de théories du système tonal (Vecteurs Harmoniques de N. Meeùs, Polarité Transformationnelle de S. Karg-Elert…), les modèles de description et de représentation du système chromatique tentent de dépasser la successivité des événements harmoniques, en réintégrant les concepts de direction et de hiérarchie tonales, qui seuls permettent l’appréhension du système comme processus transformationnel, et non comme simple objet formel (Tonnetz Polarisé de H. Seress). La mythique récursivité des niveaux de la structure fait progressivement place à la définition d’une hiérarchie sur la base d’une observation contextuelle des différents caractères déclinés par les progressions tonales et harmoniques (Spinnen Tonnetz de G. Baroin et H. Seress).
Ce sont ces différentes phases de la construction des modèles de représentation que se propose de retracer cet exposé, en s’attardant plus particulièrement sur les plus récentes d’entre elles. Au moyen d’exemples musicaux variés, il tentera de montrer la nécessaire adaptation des Tonnetze au type de fonctionnement tonal ou de niveau de structure décrit.
Stephen Malinowsky (sous réserve)
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Sandrine Baranski
La complexité des transcriptions multimédia des œuvres électroacoustiques
De nombreuses transcriptions visuelles, de la partition graphique à la création de vidéos musicales, ont été réalisées, en particulier depuis l’apparition de nouveaux outils multimédia tels que SpecDraw et AudioSculpt de l’IRCAM ou l’Acousmographe de l’Ina-GRM. Dans le domaine de la musique électroacoustique, la transcription visuelle est une démarche qui rompt avec l’esthétique de la musique acousmatique. Elle représente cependant, à mon sens, un intérêt majeur dans le domaine de l’analyse de ce genre musical où la partition n’existe pas. La question est alors : comment utiliser ces outils multimédia pour réaliser une transcription qui soit pertinente pour l’analyse ? Mon intervention consistera à montrer, à travers mes propres réalisations, que ma démarche ne vise pas la simple transcription de l’écoute à l’aide de ces outils multimédia, mais essaie de prendre en compte d’autres aspects importants de l’œuvre musicale tels que les schémas et les écrits du compositeur, le texte, les analyses antérieures de l’œuvre, etc. Tous ces éléments vont alors interagir au moment de la réalisation de la transcription pour donner une transcription graphique complexe de la musique électroacoustique qui devient partie intégrante de l’analyse musicale.
Clarisse Bardiot (sous réserve)
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Annick Bureau (sous réserve)
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