Une approche des Espaces acoustiques de Grisey
par une documentation de l’acte musical :
quelques pistes d’analyse

Nathalie Hérold
Maîtresse de conférences
Sorbonne Université, Faculté des Lettres, UFR de Musique et Musicologie
Institut de Recherche en Musicologie (IReMus, UMR 8223)

Au début de l’année 2016, un projet de recherche a été conçu par une équipe de chercheurs et chercheuses du Laboratoire d’Excellence GREAM (Groupe de Recherches Expérimentales sur l’Acte Musical) de l’Université de Strasbourg [1], en lien avec une réflexion développée dans le cadre d’un groupe de travail portant sur les « Orchestres et ensembles » [2]. En étroite relation avec le concept d’acte musical, ce projet de recherche visait à mieux cerner les enjeux liés à l’interprétation d’une œuvre musicale contemporaine relevant de l’esthétique spectrale. Il a impliqué la collaboration avec le chef d’orchestre Pierre-André Valade et un ensemble d’instrumentistes de la Zürcher Hochschule der Künste (ZHdK, Haute École d’Art de Zurich), dans le cadre de la production en concert du cycle Les espaces acoustiques de Gérard Grisey. À cet effet, notre équipe de recherche a eu l’occasion d’assister à un certain nombre de répétitions préparatoires au concert et d’échanger avec les musiciens et musiciennes sous la forme d’entretiens.

Ce travail de terrain a donné lieu à la production d’un riche corpus documentaire constitué de vidéos de répétitions, de vidéos d’entretiens, ainsi que de photos des partitions personnelles du chef d’orchestre annotées par ce dernier [3]. Outre l’intérêt de ce corpus en lui-même, en tant que source ou donnée de la recherche, il paraît également essentiel d’interroger l’exploitation de ce dernier en tant qu’objet d’étude, en particulier sur un plan analytique, ainsi que son apport à la connaissance du cycle de Grisey – et plus généralement de la musique spectrale – et de son interprétation. Après quelques considérations de nature théorique et méthodologique, cet article s’attachera à proposer quelques pistes d’analyse fondées sur la mise en relation de documents du corpus autour de deux questions interprétatives spécifiques : d’une part le jeu de cor avec anche, d’autre part l’idée de fusion sonore.


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