De l'émotion en général
L’émotion est, avec la sociologie et les sciences de l’information et de la communication, replacée dans sa mésogenèse, c’est-à-dire dans son contexte, son monde social singulier. Elle reçoit un traitement particulier dans l’approche compréhensive [1], en tant que facteur d’expression d’une subjectivité qui est au principe même des relations sociales. Les motifs et valeurs qui constituent le sujet en tant qu’individu se donnent sous la forme de ressentis émotionnels qu’il s’agit de partager avec les autres, de porter à leur connaissance et de faire reconnaître [2]. Elle entre aujourd’hui dans de nombreux champs d’analyse. Elle est intégrée dans les analyses des pratiques culturelles et de l’expérience esthétique. Elle est associée à la notion de goût, qu’elle requalifie de manière permanente. L’émotion est ce qui forme le goût, qui, à son tour, forme les émotions, selon un processus d’affinement qui permet à l’individu de se développer [3].
L’émotion est également travaillée par les sciences de l’information et de la communication [4], notamment dans le domaine des formes culturelles de la communication [5]. Elle est entendue comme un processus communicationnel, allant de la création à la réception, en passant par la critique et la médiation des œuvres musicales. L’émotion concrète en vient à s’exprimer par le langage. Nous analysons la musique, telle qu’elle s’exprime, comme réalité sonore, mais également réalité discursive. Le discours est, selon nous, un matériau empirique où observer le phénomène d’impact associé à l’émotion.
Les textes d’accompagnement des œuvres, en particulier les notices, permettent d’éclairer les liens entre émotions et activités créatives. On peut observer dans ces textes, la manière dont le compositeur va choisir des mots pour articuler les différentes dimensions de son activité, et mettre en relation communication et création.