Approches analytiques de l’interaction acoustique/électronique :
l’exemple de Traces IV de Martin Matalon

Nicolas Munck
Université Lyon-2 (Passages XX-XXI, EA 4160) / CRR de Lyon

Contexte

Le catalogue du compositeur et chef d’orchestre argentin Martin Matalon (1958-*) met en lumière deux cycles fondateurs : le cycle des Traces qui regroupe des pièces mixtes pour instrument seul et dispositif électronique (versions « temps réel » et « temps différé ») et le cycle des Trames constitué, quant à lui, de pièces concertantes avec soliste et ensemble instrumental ou orchestre.

Dans le cadre de cette courte étude analytique, nous nous sommes penché un exemple tiré du cycle des Traces. Ce dernier, qui est à voir comme un champ d’expérimentation formel et sonore est aujourd’hui constitué de quinze opus (2004-2020).  Nous avons retenu ici Traces IV pour marimba solo.

Le terme d’ « environnement » sera parfois évoquée dans cette analyse de l’interaction acoustique/électronique. Dans la note dédiée à Traces I pour violoncelle solo, Martin Matalon utilise ce terme pour expliciter les problématiques compositionnelles engagées par le cycle :

[…] Mon intention est de créer un environnement qui par le biais de l’électronique démultiplie, transforme et transcende l’espace et les possibilités de l’instrument soliste [1].

Nous retenons de la définition d’environnement proposé par le Centre national des ressources textuelles et lexicale (CNRTL) l’entrée suivante : « Ensemble des éléments et des phénomènes physiques qui environnent un organisme vivant se trouvent autour de lui » [2]. Cette définition nous sommes plus appropriée que l’ « ensemble des choses qui se trouvent aux environs, autour de quelque chose » [3] dans la mesure où le compositeur cherche à construire un environnement, généré par l’électronique, ayant une incidence directe sur l’écriture instrumentale.

Quelques éléments pour appréhender Traces IV et le dispositif électronique convoqué

Traces IV, pour marimba solo, six mokubios [1] et dispositif électronique, commande de John Simon Guggenheim (Memorial Foundation Fellowship), première audition le 16 septembre 2007 dans le cadre du Festival de Parme (Italie) par Eve Payeur (marimba), technique IRCAM : Thomas Goepfer et Robin Meier (réalisateurs en informatique musicale/RIM) [2]

Traces IV fait partie d’un triptyque portant le nom de Nocturnes aux côtés des Traces III (cor solo) et Traces V (clarinette solo). Il est possible d’établir des liens entre ces trois pièces sur le plan formel, mais aussi sur le plan technologique.

En effet, tous les traitements électroniques appliqués au marimba dans Traces IV sont modélisés par le cor et la clarinette (contenu harmonique, modèles de résonnance, filtres, etc.). La version initiale de la pièce, conçue avec traitements électroniques « temps réel » (2007) laisse rapidement la place à une seconde version « temps différé ». Ce choix est notamment lié au feedback généré par l’utilisation des résonateurs. Dans ce second cas de figure, tous les traitements sont préenregistrés et déclenchés au « clic ». L’ensemble des processus sonore est contrôlé par un patch max. Sept traitements spécifiques sont utilisés dans la pièce :  

La spatialisation est quand elle contrôlée en « temps réel » par un logiciel affilié à Max/MSP, Spat (objets interconnectables sous Max). Elle est traitée en relation directe avec les sept traitements susmentionnés [6]. Le dispositif de diffusion prévoit six haut-parleurs entourant le public.

Figure 1. Main patch (Traces IV), Thomas Goepfer, technical ride [7].