Maintenant, ce que je pense de ce pronostic de Meyer est la chose suivante. Cette appréciation ne me paraît pas s'appliquer à Reich. « Redondance » d'abord est le critère retenu en référence aux théories de l'information. Une musique redondante l'est d'autant plus que l'information qu'elle transmet est faible. Meyer distingue trois sens.

Curieusement, au vu de l'utilisation du langage parlé, the speech-melody, on s'attendrait à ce que Reich au contraire relâche l'effet de redondance. Là est son originalité. Comme je l'ai déjà signalé, c'est l'inverse qui se passe. Car, quand il le renforce par le procédé de la syllabisation, de la réitération de phonèmes en nombre limité, par la dimension rituelle qu'il donne à leur profération - quand elle n'est pas déjà rituelle d'origine, comme dans Tehillim  (1981) par exemple, - alors  l'on entend à quel point impossible à éviter, l'écoute est sollicitée sans répit ni autorisation à se laisser distraire. Cette absence totale de place pour la distraction est due au traitement musical de la parole au moyen de ces contraintes-mêmes, et c'est ce qui, à moi, paraît le plus intéressant. Ainsi réussir à forcer l'écoute continue, n'en déplaise à Meyer, qui est le parti-pris du décisionnisme reichien, déroge à la distinction sacrosainte entre musique savante et populaire qu'on aimerait faire pour ensuite montrer que Reich y désobéit.