Philippe Gonin
« Interstellar Overdrive » de Pink Floyd et le processus de création à travers le prisme de l’improvisation collective : du chaos à l’ordre ?

Accéder à l’article

Le but de cette présentation est de souligner, à travers une seule et même composition, comment le Floyd est parti d’un concept d’improvisation libre reposant sur une structure formelle flottante mais stable à une improvisation libre cadrée dans une structuration formelle clairement établie.

De 1966 à 1970, le groupe jouait « Interstellar Overdrive » comme une sorte de fil conducteur. Bien qu’absent du live Ummagumma, la pièce est généralement considérée comme le seul exemple de ce que le groupe était capable de faire sur scène dans ses premières années (période dite « Barrett »). Une « compétence » scénique que ne souligne que partiellement le premier album studio du groupe, The Piper At The Gates Of Dawn et encore moins les singles « Arnold Layne » et « See Emily Play » qui, dans leur forme enregistrée, sont de pures « pop songs ».

« Interstellar », du premier avatar connu à la dernière prestation live enregistrée, apparaît comme l’exemple type de la mutation opérée par le groupe du psychédélisme au « space rock » (ou « rock planant ».)

Partant de ce constat, mon propos est donc de démontrer que le Floyd, alors à l’écoute d’une certaine avant garde, se dirige de plus en plus, en un laps de temps relativement bref, vers une musique, quand bien même elle reste en grande partie improvisée, clairement structurée.



Philippe Gonin, « ‘Interstellar Overdrive’ de Pink Floyd et le processus de création à travers le prisme de l’improvisation collective : du chaos à l’ordre ? », Musimédiane, n° 11, 2019 (https://www.musimediane.com/11gonin/ – consulté le 22/12/2024).

Gonin, Philippe

Guitariste et compositeur, né en 1965, Philippe Gonin est Maître de Conférences à l’Université de Bourgogne Franche-Comté. Ses recherches portent sur le processus créatif, l’analyse et la réception d’œuvres rock, de jazz et de musique de film. Il a écrit des livres sur Magma, Robert Wyatt, The Cure, Pink Floyd (dont Grandeur et Décadence des Pink Floyd, Editions Universitaires de Dijon, 2017) et dirigé Focus on Rock in France (Delatour, 2014) « Prog Rock in Europe, an overview of a persistent music style » (Editions Universitaires de Dijon, 2016).

Sa dernière oeuvre, commande de l’Orchestre Régional de Normandie, s’intitule A Floyd Chamber Concerto (2014). (https://philippegonin.bandcamp.com/releases )

Valérie Ométak
Rythme, mouvement et expressivité : le cas de représentations graphiques enactives de patterns rythmiques percussifs par des auditeurs de cinq ans

Accéder à l’article

Au cours du XXe siècle, quelques recherches en musicologie et en psychologie de la musique ont tenté d’établir un lien entre rythme, mouvement et expressivité musicale. Elles considèrent le rythme comme la source la plus complète des formes dynamiques et supposent un noyau corporel à l’expressivité du langage musical. Ces hypothèses ont été à nouveau testées dans une récente expérience exploratoire sur les réactions corporelles graphiques de 33 auditeurs de cinq ans dont les traçages ont été effectués avec un stylo électronique durant l’écoute de 24 brefs rythmes percussifs. L’analyse de 772 vidéos recueillies montre que les dynamiques rythmiques et graphiques sont fortement appariées, des liens étant solidement établis par les auditeurs entre propriétés rythmiques d’intensité et de durée et propriétés graphiques de forme et de vitesse. Ces mouvements de motricité fine concordent avec le flux rythmique perçu et sont par conséquent susceptibles d’ouvrir une voie d’accès à l’expressivité musicale.


During the twentieth century, some research in musicology and music psychology attempted to establish a link between rhythm, movement and musical expressiveness. They considered rhythm as the most complete source of dynamic form and assumed a bodily core to the expressiveness of musical language. These hypotheses were tested again in a recent exploratory experiment on the graphic corporal reactions of 33 five-year-old listeners, their tracing having been carried out with an electronic pen during the listening of 24 brief percussive rhythms. The analysis of 772 videos collected shows that the rhythmic and graphic dynamics are strongly matched, the links being firmly established by listeners between rhythmic properties of intensity and duration and graphic properties of form and speed. These movements of fine motor skills are related to the perceived rhythmic flow and could therefore open a path to musical expressiveness.


Valérie Ométak, « Rythme, mouvement et expressivité : le cas de représentations graphiques enactives de patterns rythmiques percussifs par des auditeurs de cinq ans », Musimédiane, n° 9, 2019 (https://www.musimediane.com/9ometak/ – consulté le 22/12/2024).

Ométak, Valérie

Docteure en musique et musicologie, Valérie Ométak intervient à l’Université Paris-Sud où elle est chargée de cours de « Psychologie du développement musical de l’enfant » au Centre de Formation des Musiciens Intervenants en École d’Île-de-France. Elle est également Professeure des Écoles depuis 1995 et enseigne en école élémentaire et spécialisée à Paris.

Initialement diplômée de l’Institut Français d’Urbanisme, elle a complété sa double formation en sciences exactes et en sciences humaines avec un cursus universitaire complet en musicologie et a soutenu sa thèse sur l’ « Approche du mouvement du rythme musical par le mouvement graphique de l’auditeur » à l’Université Paris-Sorbonne, IReMus-UMR 8223, début 2017.

Elle poursuit actuellement ses recherches en musicologie sur les thèmes du mouvement sonore, de l’écoute incarnée et du développement de l’enfant. Elle est, par ailleurs, trésorière de l’Association Récomuses, Réseau-Cognition-Musique-Société-Enseignement-Santé.

[valerie.ometak@wanadoo.fr]

Philippe Lalitte
L’expressivité de la performance des Dix pièces pour quintette à vent de Ligeti

Accéder à l’article

La présente étude a été réalisée à partir de quelques-unes des Dix pièces pour quintette à vent de Ligeti enregistrées spécialement par Sophie Cherrier, Didier Pateau, Jérôme Comte, Jens McManama, Paul Riveaux, solistes de l’Ensemble Intercontemporain, dans trois interprétations qui se différenciaient par leur expressivité : neutre, expressive et sur-expressive. L’objectif principal a consisté d’une part à mesurer et observer, à l’aide des outils informatiques, les différences sonores entre les trois versions de chaque pièce et d’autre part à dégager les principaux vecteurs d’interprétation employés. Les analyses montrent une nette différence entre les versions expressives, neutres et sur-expressives. Ces différences sont audibles, mesurables et souvent visibles sur les représentations du signal audio. Les paramètres d’interprétation employés par les musiciens pour produire les variantes d’expressivité sont principalement le tempo, la durée des pauses, la dynamique, le timbre, la précision rythmique et la synchronisation. Les analyses détaillées confirment que, même avec une œuvre aussi complexe techniquement parlant et aussi précisément notée que les Dix pièces pour quintette à vent, les interprètes ont une large palette de paramètres interprétatifs pour produire leurs intentions expressives.


Philippe Lalitte, « L’expressivité de la performance des Dix pièces pour quintette à vent de Ligeti », Musimédiane, n° 9, 2018 (https://www.musimediane.com/9lalitte/ – consulté le 22/12/2024).