Tijus, Charles

Charles Tijus est Professeur de psychologie cognitive à l’Université Paris VIII. Il est directeur du laboratoire CHArt « Cognitions Humaine et Artificielle » (E.A. 4004) qui a comme objet d’étude les systèmes cognitifs naturels et artificiels et leurs interactions pragmatiques et sémantiques. L’étude du comportement tire profit de la modélisation et de la simulation sous une forme artificielle tandis que la production de systèmes artificiels tire profit de l’étude des processus humains pouvant être intégrés dans un support numérique. CHArt se définit donc comme un laboratoire interdisciplinaire pour une recherche coopérative entre la recherche en Sciences Humaines, en Sciences de la Vie et en Informatique. Il est composé de deux équipes « Modélisation de l’action » et « Modélisation de la compréhension » et s’occupe de plate-forme équipée pour la recherche, l’UMS CNRS 2809 LUTIN, à la cité des Sciences et de l’Industrie à la Villette.

Le laboratoire CHArt est reconnu pour ses travaux sur la segmentation sensorielle et la catégorisation avec des chercheurs qui travaillent sur la catégorisation contextuelle (C. Tijus, S. Poitrenaud), la perception du temps (J. Provasi, I. Israel) et la perception et la lecture musicale (T . Baccino associé au LUTIN et V. Drai-Zerbib). Le laboratoire a mené des travaux sur la segmentation des événements (F. Levillain) et des actions (E. Zibeti) et des travaux sur la segmentation musicale (A. Frey, en collaboration avec S. Mc Adams). Enfin, il a été porteur du projet « Une approche de la sémantique musicale : validités psychophysiologique, cognitive et pratique des unités sémiotiques temporelles », 2004-2007, financé par l’ACI «Terrains, Techniques, Théories, Travail interdisciplinaire en SHS ».

Moreau, Jean-Pierre

Jean-Pierre Moreau est compositeur, membre du laboratoire Musique et Informatique de Marseille (MIM). Il s’est initié à l’électroacoustique avec Michel Pascal puis, élève de Georges Bœuf, il a obtenu un premier prix de composition au CNR de Marseille. Il participe au sein du MIM à un travail de recherche en relation directe avec les Unités Sémiotiques Temporelles. Les UST l’ont amené à envisager le rapport musique/image comme une globalité non hiérarchisée, se fédérant pour être perçues comme une seule entité. Ceci l’a conduit à la réalisation de vidéos.

Son travail de compositeur l’amène également à considérer les rapports entre sémantique et sémiotique, la perception et le code.

Formosa, Marcel

Marcel Formosa est compositeur et professeur d’éducation musicale.

Après des études de flûte traversière, de composition électroacoustique et de musicologie, il se consacre essentiellement aux trois activités que sont l’enseignement, la composition et l’analyse et la réflexion sur la musique.

Il est membre du laboratoire Musique et Informatique de Marseille (MIM). Son catalogue d’oeuvres comporte des pièces instrumentales et vocales, électroacoustiques, mixtes et multimédias.

Giuliano D’Angiolini
Réponse à Marc Chemillier

D’abord une précision méthodologique. Pour avoir étudié la musique de l’île de Karpathos pendant de longues années, je sais ce que la fréquentation du terrain (voir une profonde implication personnelle en son sein) apporte de finesse dans la connaissance. Ainsi, dans ma publication sur le « Jesu » de Castelsardo, je préviens d’emblée le lecteur qu’il faudra considérer celle-ci davantage comme un essai musicologique qu’ethnomusicologique. Il s’agissait de travailler sur un phénomène acoustique en tant qu’objet physique, in vitro. Une bonne moitié du livre est dédiée d’ailleurs à l’analyse de la grammaire musicale, de sa dimension historique, de la conduite de parties vocales, du contrepoint, de la forme : tout cela sur la base d’une transcription du chant que j’ai mis au point au préalable. La transcription peut faire l’objet d’une étude menée avec les moyens de l’analyse compositionnelle, à l’instar d’une partition de musique savante. Mon étude ne prétendait pas affronter tous les aspects de cette tradition, mais seulement ce qui pouvait être déduit à partir des ces donnés – pour ainsi dire – « de laboratoire » : la transcription musicale et le sonogramme. D’ailleurs aucune approche ne peut prétendre à l’exhaustivité : toute analyse circonscrit son propre champ d’application.

Marc Chemillier souligne – à juste titre – l’importance de l’étude des modes productifs, des techniques vocales, du « faire ». Le monde est plein de traditions vocales étonnantes dont l’aspect physiologique n’a pas été étudié (avec l’exception notable du chant diphonique et du kharaghirà des Mongols). Concernant le chant de Castelsardo, j’ai moi-même indiqué quelques possibles pistes à suivre : il faudra considérer que, dans ces types d’émission, les chanteurs exercent une forte pression sur la glotte, ce qui explique le remarquable enrichissement du spectre dans la partie moyenne-aigüe. Ceci est d’ailleurs un point en commun que la vocalité sarde entretien avec celle de l’aire mongole. Des processus de nasalisation, perceptibles à l’écoute, peuvent expliquer la formation de zones d’anti-résonance. Et puis, bien sûr, (comme le fait remarquer Bernard Lortat-Jacob) les chanteurs procèdent à des ajustements vocaliques destinés à exalter certains formants ou, au contraire, à les amoindrir. Il est clair, par exemple, que la position et les caractéristiques des formants de la bogi (résonances qui forment l’ébauche de l’enveloppe spectrale de la quintina) sont liées au rendu de la voyelle. De plus, un tel ajustement est indispensable pour adapter leur position de manière à reproduire le phénomène sur différentes hauteurs.

Une étude sur la physiologie du chant ne pourra se passer de la fréquentation du terrain et des échanges entre le chercheur et les chanteurs. C’est un aspect qui ne faisait pas partie des objectifs de ma recherche. Du reste, il ne faudra pas confondre les divers moments de l’investigation : la compréhension du phénomène acoustique et psychoacoustique est autre chose que la modélisation de techniques employées pour l’obtenir.

Il me faut préciser aussi que, dans mon étude, j’ai bien pris en compte toutes les publications et interventions de Bernard Lortat-Jacob sur la question de la quintina. Il me semble que sa théorie est généralement connue (et reprise par d’autres auteurs) telle que je l’ai décrite, à savoir que ce phénomène s’expliquerait par un effet de « fusion » de spectres de différentes voix entre-elles. Si cette notion a changé de sens pour son auteur, cela n’apparaît pas précisément formulé dans ses interventions successives à ses écrits plus anciens, bien au contraire. Dans l’interview parue dans Musimediane N°3 (La clef d’écoute, Polyphonies vocales de Sardaigne, 2008) il est question de fusion et « voix fusionnelle » aux chapitres 8, 9, 12 et notamment 15 où l’on peut lire : la quintina est une voix fusionnelle obtenue par la superposition des harmoniques des différentes voix du chœur. Enfin mon travail ne se limite pas à contester la pertinence de ce concept, mais il propose une explication différente articulée en plusieurs volets, en introduisant la notion d’enveloppe spectrale – donc de formants plutôt que d’harmonique(s) – de zone d’anti-résonance et de masquage. Tout cela découlant de l’interaction entre un chanteur – celui de la voix principale – et les autres membres du chœur.

Je tiens à rappeler, une fois de plus, qu’une bonne partie des informations sur le contexte (social, rituel, humain, etc.) qui accompagne l’exécution du Jesu provient des écrits dont Bernard Lortat-Jacob est l’auteur.

Giuliano d’Angiolini