La présente étude a été réalisée à partir de quelques-unes des Dix pièces pour quintette à vent de Ligeti enregistrées spécialement par Sophie Cherrier, Didier Pateau, Jérôme Comte, Jens McManama, Paul Riveaux, solistes de l’Ensemble Intercontemporain, dans trois interprétations qui se différenciaient par leur expressivité : neutre, expressive et sur-expressive. L’objectif principal a consisté d’une part à mesurer et observer, à l’aide des outils informatiques, les différences sonores entre les trois versions de chaque pièce et d’autre part à dégager les principaux vecteurs d’interprétation employés. Les analyses montrent une nette différence entre les versions expressives, neutres et sur-expressives. Ces différences sont audibles, mesurables et souvent visibles sur les représentations du signal audio. Les paramètres d’interprétation employés par les musiciens pour produire les variantes d’expressivité sont principalement le tempo, la durée des pauses, la dynamique, le timbre, la précision rythmique et la synchronisation. Les analyses détaillées confirment que, même avec une œuvre aussi complexe techniquement parlant et aussi précisément notée que les Dix pièces pour quintette à vent, les interprètes ont une large palette de paramètres interprétatifs pour produire leurs intentions expressives.
Philippe Lalitte, « L’expressivité de la performance des Dix pièces pour quintette à vent de Ligeti », Musimédiane, n° 9, 2018 (https://www.musimediane.com/9lalitte/ – consulté le 22/12/2024).