Les Dix pièces pour quintette à vent de Ligeti marquent un tournant esthétique majeur dans la production du compositeur tant pour le renouvellement des gestes d’écriture que pour leur organisation dans une forme « kaléidoscopique ». Pour les interprètes, cette œuvre représente un vrai défi à la fois du point de vue de sa haute virtuosité et de son potentiel expressif. Les Dix pièces ont été écrites pour le quintette à vent de la Philharmonie de Stockholm. Ligeti commence la composition quelques jours après avoir terminé le Deuxième Quatuor à cordes en juillet 1968 et la termine peu avant Noël. Les Dix pièces furent créées par le Quintette à vent de la Philharmonie de Stockholm le 20 janvier 1969 à Malmö.
Les articles et documents de ce numéro de Musimédiane sont le fruit d’un travail de recherche de plusieurs années qui s’inscrit dans un projet porté par le Labex GREAM (Groupe de Recherches Expérimentales sur l’Acte Musical) dirigé (jusqu’en 2016) par Pierre Michel à l’Université de Strasbourg. Ce dossier a généralement bénéficié d’une étroite collaboration avec les musiciens du quintette à vent de l’Ensemble Intercontemporain – Sophie Cherrier (flûte), Didier Pateau (hautbois), Jérôme Comte (clarinette), Jens McManama (cor), Paul Riveaux (basson).
Dans ce numéro de Musimédiane, l’œuvre a été abordée sous différents angles, qu’il s’agisse des questions de génétique de la composition à travers la correspondance de Ligeti et l’étude des matériaux autographes (avec des documents inédits), de diverses approches méthodologiques de l’analyse ou des problématiques d’interprétation concernant le répertoire pour quintette à vent, l’expressivité et la virtuosité. Enfin, ce numéro comporte un document exceptionnel : l’enregistrement des Dix pièces interprétées par les musiciens de l’Ensemble Intercontemporain filmés à la Philharmonie de Paris en décembre 2016, complété par des entretiens filmés avec ces solistes.
Philippe Lalitte et Pierre Michel