La perception d’événements récurrents dans une œuvre est souvent responsable de la sensation de structure. Les matériaux sonores récurrents (ou rappelant des matériaux antérieurs) peuvent prendre une place significative en créant une perspective temporelle et des points de repère musicaux, permettant la comparaison et l’appréhension des matériaux ultérieurs. La saillance de ces repères peut varier au fil de l’œuvre, si d’autres types de sons récurrents font leur apparition et font émerger des réseaux de relations influençant l’appréhension globale de la forme. Étudier la récurrence dans une œuvre signifie évaluer les similarités et différences entre les identités sonores qui la constituent ainsi que définir la manière dont ces identités réapparaissent et les raisons de leur importance. On trouve des identités récurrentes relevant de la mélodie, de l’harmonie et du rythme dans de nombreuses sortes de musique, sujettes à divers types de répétition et de variation. Cependant, les matériaux sonores et les possibilités de transformation sonore utilisés par les compositeurs acousmatiques sont suffisamment divers et variés pour qu’une attention particulière y soit nécessaire, de manière à mieux comprendre ce que peut être une « récurrence », comment les phénomènes récurrents s’observent à différentes échelles et comment ils contribuent aux sensations de structure et de forme. En gardant cela à l’esprit, une stratégie d’écoute pour Novars de Francis Dhomont sera présentée, qui s’intéressera à la récurrence des matériaux sonores à grande échelle. La stratégie analytique adoptée ici repose principalement sur l’écoute : toutes les observations seront celles d’un auditeur concentré et ne reflèteront donc pas nécessairement les intentions du compositeur.