Minimalisme / musiques populaires : un cas pour la théorie de l'acteur-réseau

Christophe Levaux,
chercheur doctorant (Université de Liège)
christophe.levaux@ulg.ac.be

Des liens existent-ils entre les musiques populaires et des genres ou des styles issus de la tradition « savante » comme le minimalisme ? Si oui, quelle est la nature de ces liens ? De quelle manière ceux-ci se sont-ils tissés ? Ces questions ont été posées à maintes reprises au fil des dernières décennies. Au tournant du second millénaire, la réponse, dans le cas du minimalisme tout du moins, semble limpide : si celui-ci a d'abord été associé de près à la peinture et à la sculpture minimalistes, « fondamentalement modernes », il a ensuite été considéré comme l'antidote majeur au modernisme personnifié par le sérialisme total de Boulez et Stockhausen et l'indétermination de Cage. Cette musique doit donc plus aux musiques non-occidentales, au jazz ou au rock qu'à ces derniers ; elle a par ailleurs eu un « impact important sur un large panel de musiques de concert, dont le rock et la panoplie des formes hybrides et postmodernes qui allaient devenir une caractéristique majeure de la musique de la fin du 20e siècle ». L'affirmation est de Keith Potter, l'auteur de Four Musical Minimalists paru aux Cambridge University Press (Potter, 2000) ; elle apparaît dans la définition qu'il donne du genre pour le New Grove of Music and Musicians (Potter, 2001). Elle est par ailleurs sanctionnée par une série de travaux non moins reconnus qui tendent, a priori du moins, à confirmer la connexion populaire du genre savant.